Comment et Pourquoi Les Piscines de Romain est devenu Abracadamall ?
- Romain Trallero

- 25 nov. 2024
- 11 min de lecture
Dernière mise à jour : 4 déc. 2024

Le rêve d'une vie brisé, jamais abandonné ! Il y a 11 ans, je rêvais de créer une plateforme digitale qui mettrait en relation les piscinistes et les particuliers. Ce projet s’appelait alors Les Piscines de Romain, un nom déjà bien connu sur les réseaux sociaux grâce à ma grande visibilité. Mon objectif était clair : utiliser mon réseau de professionnels pour le mettre au service des particuliers et ma visibilité au service des piscinistes. L’idée était de créer un espace dédié aux professionnels du monde de la piscine pour qu’ils puissent facilement se connecter à leurs clients. Ce projet était ambitieux et innovant. Depuis 2013, je travaillais dessus en parallèle de mes activités de pisciniste.
En 2017, déterminé à concrétiser ce rêve, je suis parti vivre trois ans à Dubaï, aux Émirats Arabes Unis, pour donner vie à ce projet. Cependant, entre mes nombreux engagements professionnels et une activité florissante dans le monde des piscines, je manquais cruellement de temps. Le projet restait dans un coin de ma tête, mais je n’arrivais pas à le lancer.
Puis, la pandémie de Covid-19 est venue tout bouleverser. La fermeture des frontières a mis un coup d’arrêt brutal à mes ambitions. J’étais à Dubaï, résident des Émirats Arabes Unis et extrêmement bien là-bas, mais la France a rapatrié une grande partie de ses ressortissants étrangers, ne sachant pas ce qui allait se passer. Je me suis donc retrouvé confiné en France, loin de mon activité et de mes projets. Après le confinement, les frontières étaient toujours fermées, ce qui m’a empêché de retourner à Dubaï pour poursuivre mon activité. Il m’a alors fallu m’adapter. Je me suis mis à vendre des piscines en France avec ma société basée à Dubaï. C’étaient des piscines coque polyester que je maîtrisais parfaitement. Je m’étais promis de les installer rapidement, de répondre à la demande en France, et de retourner à Dubaï dès que la situation le permettrait pour enfin terminer ma plateforme.
Mais, naïvement, je ne savais pas qu’en étant en France "par obligation vu la situation", je n’avais pas le droit de vendre des piscines en France avec cette société dubaïote, alors qu’en vivant à Dubaï, j’avais toujours eu ce droit. Cette situation, qui peut paraître absurde, découle directement des restrictions imposées par le Covid. Les frontières étaient fermées, et je n’avais pas d’autre choix que de m’adapter pour survivre. Pourtant, cela m’a valu des problèmes par la suite. On m’a reproché d’avoir vendu ces piscines depuis la France, pour la France, avec une société étrangère, alors même que la situation était exceptionnelle et que je ne pouvais pas rentrer à Dubaï.
Il est ironique que, dans une période où tout le monde tâtonnait et s’adaptait comme il le pouvait, on m’ait reproché cette adaptation. Je ne comprends toujours pas aujourd’hui autant d’amnésie sur cette période. La France a soutenu ses entreprises avec des aides hallucinantes – et c’est très bien – mais moi, qui ne demandais absolument rien car j’avais fait le choix de partir, et qui voulais juste continuer à avancer malgré les contraintes, j’ai été pointé du doigt. Je trouve cela profondément injuste que ce qui avait du sens dans le chaos du Covid ait ensuite été jugé comme une erreur, une fois la crise passée
Tout était programmé pour retourner rapidement à Dubaï, continuer ma vie là-bas et enfin terminer ma plateforme. Mais rien ne s’est passé comme prévu.
Deux des usines avec lesquelles je travaillais, l’une en Roumanie et l’autre en Espagne, ont été détruites par des incendies, au moment même où je devais livrer les premières piscines. Ces événements ont complètement perturbé mon organisation et mes prévisions. Dès cet instant, tout s’est enchaîné. Les années post-Covid étaient déjà compliquées pour obtenir les matériaux nécessaires à la construction de piscines, et ces incendies ont rendu la situation encore plus difficile. Ma vie est devenue une véritable course contre la montre. Je suis devenu l’esclave de mon métier, mettant totalement de côté mon projet de plateforme.
Je m’étais résigné à attendre trois ans pour stabiliser ma situation, remettre tout sur les rails, puis retourner à Dubaï pour enfin terminer le projet. Mais encore une fois, la vie en a décidé autrement.
En avril 2023, alors que je pensais que le plus dur était derrière moi, que j’avais solutionné un tas de problèmes, et que cette année compliquée serait enfin la dernière, tout s’est écroulé. Juste avant le début de la saison de pose de piscines, alors que tout était organisé, une société dans laquelle j’étais actionnaire a fermé, victime d’événements extérieurs totalement incontrôlables. (Je publierai un post détaillé à ce sujet dans les prochains jours.)
Je n’ai rien vu venir. Prenant tout pour moi, avec le sentiment accablant de ne pas avoir été capable d’empêcher cette chute, ma vie s’est écroulée comme un château de cartes. Je me suis retrouvé sans aucune prise, incapable de freiner la chute. Sous le poids d’une accumulation de situations que je n’ai pas réussi à maîtriser, tout s’est effondré.
Un accident de parcours. Un véritable coup de tonnerre. Du jour au lendemain, j’ai tout perdu : mes ambitions, mes projets, ma compagne, mes repères. Je n’étais plus qu’un spectateur impuissant de ma propre descente aux enfers.
C’était la pire période de ma vie. Une période où le désespoir m’envahissait chaque jour davantage, où je ne savais plus quoi faire ni où aller...
Je me souviens de nuits entières passées à pleurer, à ressasser ce qui s’était passé, à me demander comment j’avais pu en arriver là. Mais dans ce chaos total, une petite étincelle s’est allumée. Une idée. Un message que je n’arrivais pas à ignorer, comme un appel que la vie me lançait. J’ai compris que je devais tout arrêter, que je ne pouvais plus m’accrocher à un métier qui m’épuisait physiquement et mentalement. Je savais que je ne pouvais plus construire des piscines dans une économie qui s’effondrait, et que je devais trouver un moyen de me relever.
La solution, aussi brutale soit-elle, était évidente : miser sur le digital. Les fonds et les opportunités étaient dans le digital, et c’était ma seule chance de me reconstruire. C’était mon seul moyen de tenir mes engagements envers mes anciens fournisseurs et clients. Jusqu’à présent, je n’avais jamais eu le temps d’aller au bout de ma plateforme. Mais cette fois, il n’y avait plus d’excuses. J’avais tout perdu, sauf une chose : le temps. On venait de m’offrir ce temps, accompagné d’une feuille blanche. Un espace pour écrire une nouvelle histoire. Le message était clair : je devais me consacrer à 100 % à ce projet.
C’est à cet instant que j’ai décidé que cette épreuve, aussi difficile qu’elle ait été, n’était pas une fin mais un nouveau départ. J’ai vu cet événement comme un signal, une invitation à rediriger toute mon énergie vers ce rêve que je portais depuis 11 ans. Ce rêve était ma porte de sortie, la lumière au bout du tunnel, mon chemin vers une nouvelle vie. Je me suis mis en marche, sans trop savoir où cela me mènerait, mais prêt à affronter les obstacles, armé de cette conviction : cette fois-ci, rien ne m’arrêterait.
Comment Les Piscines de Romain est devenu Abracadamall ?
Après avoir décidé de tout miser sur le digital, une période terrible a commencé. Je me suis retrouvé seul, avec ma chienne Kili, dans un bungalow que j’utilisais habituellement pour passer mes étés. Ce bungalow n’était même pas isolé. Je passais mes jours et mes nuits sur YouTube à apprendre à coder, à faire du graphisme, car je n’avais pas les moyens de payer des professionnels pour m’aider. Ces mois ont été marqués par des sacrifices immenses : plus de voiture, plus de quoi manger correctement, même plus d’eau chaude pour me doucher. Chaque centime allait dans la création de cette plateforme. C’était devenu ma seule porte de sortie.
Malgré cette situation critique, des opportunités inattendues se sont présentées. On m’a proposé des postes salariés que très peu auraient refusés : 6 000 euros net par mois dans un des plus grands groupes de construction français, ou encore des missions de consultant aux Émirats Arabes Unis et au Luxembourg, pour des salaires de 10 000 à 12 000 euros par mois. Ces propositions étaient des échappatoires évidentes. Pourtant, je les ai refusées. Pourquoi ? Parce qu’accepter aurait signifié abandonner mon rêve de 11 ans et renoncer à ma promesse envers mes clients et mes fournisseurs. Je ne pouvais pas trahir cet engagement. J’ai choisi de m’accrocher et d’aller au bout.
Un projet qui prend forme et une transformation personnelle
Le projet Les Piscines de Romain commençait enfin à prendre forme. Tout était basé sur l’idée initiale de connecter les piscinistes et les particuliers. Mais lorsque j’ai voulu lancer la plateforme pour la première fois, je n’étais pas satisfait. J’ai préféré attendre. Cette période m’a appris que le temps ne devait plus être une pression. Par le passé, j’avais tellement couru après des délais que cela m’avait fait du tort. Cette fois, je voulais prendre le temps de bien faire, de poser des fondations solides pour construire un projet inébranlable.
Mais cette période n’a pas seulement été une transformation professionnelle. J’ai aussi décidé de reprendre ma vie en main, autant sur le plan moral que physique et hygiénique. À ce moment-là, je pesais 97 kilos, avec 30 % de masse grasse. Je savais que je devais changer, pas uniquement pour mon apparence, mais pour mon bien-être et ma productivité. J’ai pris une décision radicale : reprendre le sport de manière intensive, avec des entraînements tous les jours, mais aussi transformer mon hygiène de vie.
Cela signifiait une alimentation très saine, très équilibrée, avec un respect strict des temps de sommeil. Zéro excès. Tout était calculé pour maximiser mon énergie et ma concentration.
Je me suis imposé une grande autodiscipline, non seulement pour mon corps, mais aussi dans ma vie quotidienne. J’ai adopté un choix de vie minimaliste. J’ai vidé complètement mon armoire, jeté tous mes vêtements, et décidé d’acheter une tenue simple, comme un uniforme : trois mêmes jeans, dix mêmes t-shirts, trois mêmes sweatshirts, les mêmes sous-vêtements, chaussettes et chaussures. L’objectif était clair : supprimer tous les parasites de ma tête pour rester focus sur une seule chose : réussir ma plateforme.
Je suis convaincu aujourd’hui qu’il faut être bien dans son corps et bien dans sa peau pour être bien dans sa tête. Ces deux aspects sont, selon moi, des obligations pour réussir un tel défi. Cette discipline m’a permis d’y voir plus clair, de me concentrer sur l’essentiel et de renforcer ma détermination. J’ai aussi compris que ce qui avait le plus de valeur ne coûtait pas d’argent.
Malgré les difficultés, j’ai appris à aimer cette période. Elle était certes compliquée, mais aussi incroyablement enrichissante.
Un projet qui évolue : de la piscine au centre commercial
Après huit mois de travail acharné, alors que j’étais prêt à lancer la plateforme, une émission télé a tout changé. Une personne présentait un concept similaire, mais appliqué au jardin. Cela m’a piqué au vif. Impossible qu’un tel concept existe alors que j’avais tant sacrifié pour le mien. J’ai immédiatement décidé d’ajouter un univers jardin à ma plateforme. Après tout, le jardin est le cousin naturel de la piscine.
Avec le jardin intégré, j’ai réalisé à quel point je pouvais facilement dupliquer un univers en m’appuyant sur tout ce que j’avais développé. En seulement 15 jours, le côté jardin était opérationnel. Puis une nouvelle idée m’est venue : pourquoi s’arrêter là ? Maintenant que j’avais appris à maîtriser ces outils, je pouvais aussi bien intégrer un univers maison, puis jouets, puis mode… et bien d’autres.
C’est à ce moment que j’ai compris que Les Piscines de Romain n’avait plus de sens en tant que nom. Ce projet avait pris une toute autre dimension. J’ai cherché un nom qui reflétait cette nouvelle ambition, et c’est ainsi qu’est né Abracadamall.
• “Abracada” pour le côté magique, en hommage aux magiciens qui m’avaient inspiré.
• “Mall”, le mot anglais pour centre commercial, car ma vision était désormais celle d’un véritable centre commercial virtuel à portée internationale.
Une vision transparente et sans commission
Cependant, un dernier obstacle me bloquait : la question des commissions. Les marketplaces traditionnelles prennent entre 10 % et 25 % de commission sur chaque vente. Ce modèle me dérangeait profondément. Sur ces plateformes, les vendeurs sont souvent invisibles, car les marketplaces craignent qu’ils vendent en direct et court-circuitent les commissions. Je ne voulais pas jouer à la police ni cacher les vendeurs. Au contraire, je voulais les mettre en lumière, utiliser ma visibilité pour les valoriser.
C’est ainsi que j’ai décidé de transformer ma marketplace en un véritable centre commercial virtuel. Pas de commissions. Les vendeurs louent simplement leur boutique, comme dans un centre commercial physique. Tout est transparent : les clients achètent directement auprès des vendeurs, et je me concentre sur la mise en avant des boutiques et la création de visibilité.
Un nouveau départ à Madagascar
En août 2024, après des mois de travail acharné, il devenait évident que ma situation en France m’empêchait d’avancer. Avec un coût de la vie 10 à 15 fois moins cher à Madagascar, l’idée de poursuivre le projet là-bas s’est imposée mais j'étais bloqué par manque de moyen et tout commencé à stagner.
C'est à ce moment la qu'un investisseur Suisse, que j’avais rencontré pour Les Piscines de Romain, m’a recontacté par hasard pour prendre des nouvelles. Lors d’une conversation sur WhatsApp, il m’a demandé : “Qu’est-ce qu’il te faut pour avancer ?”
Ma réponse a été simple : “10 000 euros. Dès que je les ai, je prends un billet pour Madagascar et je lance la structure.” Le lundi matin suivant, je recevais ces 10 000 euros à 11 h. À midi, j’achetais un billet d’avion. Le soir même, je partais pour Madagascar avec un aller simple et une valise de 7 kilos.
Arrivé sur place, ma situation était particulière. Je prenais un logement à 4 euros la nuit, sans eau courante. Je devais être ravitaillé par des bidons, me doucher avec des seaux, et subir de nombreuses coupures d’électricité. Pourtant, cette situation ne me dérangeait pas. L’année passée à vivre de manière extrêmement simple, à me doucher à l’eau froide, m’avait préparé. Ce quotidien spartiate était devenu presque normal pour moi.
Un mois plus tard, cet investisseur voyant que je tenais mes engagements envers lui et que j’avançais malgré les difficultés, m’a envoyé 10 000 euros de plus pour continuer à me développer. Puis encore 5 000 euros. Ces montants m’ont permis de franchir des étapes cruciales.
Petit à petit, je suis passé d’un logement à 4 euros à un autre à 10 euros, puis à un hôtel un peu plus confortable, sans coupures d’électricité, avec de l’eau chaude. Aujourd’hui, j’ai trouvé un appartement juste à côté de mon bureau. Tout est pensé pour simplifier mon quotidien et me permettre de me concentrer exclusivement sur le développement du projet. Mon objectif est clair : maximiser ma productivité.
Trois mois et demi plus tard, grâce à ces investissements successifs, j’ai pu mettre en place une structure solide. Une équipe de 40 personnes travaille désormais sur Abracadamall, et le projet avance à pas de géant. L’ouverture au grand public est prévue pour le 2 février, mais une version bêta est déjà visible sur www.abracadamall.com.
En décembre, il doit encore me verser 5 000 euros, ce qui portera son investissement total à 30 000 euros. Cet apport m’a permis d’avancer rapidement et efficacement. Je tiens à remercier cet investisseur qui n’a eu aucun prévisionnel, aucune garantie, mais qui a décidé de miser sur moi avant même de miser sur le projet.
Je suis déterminé à me battre pour lui autant que pour mes clients, mes anciens fournisseurs, et moi-même. Ce qu’il a fait prouve qu’une aide désintéressée peut changer des vies, et je lui en serai toujours reconnaissant. Son soutien permet non seulement à Abracadamall de voir le jour, mais aussi d’aider un maximum de personnes dans le futur.
Un projet qui décolle
Depuis, tout a changé. En trois mois, le projet a avancé à une vitesse incroyable. Une équipe de 40 collaborateurs travaille désormais sur Abracadamall. Des investisseurs saoudiens se sont manifestés, et je m’apprête à partir à Riyad pour une levée de fonds de plusieurs millions d’euros.
Malgré ce développement fulgurant, je suis terrifié à l’idée de retourner dans le grand bain. Tout prend une ampleur énorme, mais je sais que je dois y aller. Je dois relever ce défi pour mes clients, pour mes anciens fournisseurs, pour ma famille, pour mon ego, et surtout pour prouver que rien n’est impossible à celui qui refuse d’abandonner.










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